un peu d’équité en dernière minute...
Lettre d’André Gerin à Pierre Laurent
Cher Pierre,
Ton intervention dans l’Huma, ce matin, est loin d’être banale. Il n’y aurait pas d’autre possibilité que de choisir un ex-dirigeant socialiste pour l’élection présidentielle. Nous ne sommes plus en 1965 ou en 1974. Nous avons vécu les dégâts pour la cause révolutionnaire de la candidature unique. Nous en avons tiré les leçons. Malgré cela, tu confirmes la poursuite d’une rupture historique du PCF qui le satellise toujours un peu plus autour du Parti socialiste.
Je te cite : « La proposition de la conférence nationale n’est pas un choix par défaut construit contre une autre proposition, c’est un choix positif qui prendra toute sa valeur avec l’engagement des communistes dans la campagne. »
Tu ignores la candidature d’André Chassaigne. Tu n’envisages même pas les avantages qu’il y aurait pour le PCF à avoir un candidat communiste. Tu ne te poses même pas la question de savoir si ce candidat communiste ne pourrait pas finalement obtenir à la présidentielle un meilleur score qu’un Mélenchon, dont tout le monde se rend compte à quel point sa candidature est plombée pour ce qui concerne le PCF.
Cette « autre proposition », comme tu l’appelles, serait pour toi un choix négatif. J’aimerais savoir pour qui ? J’aimerais savoir pour quoi ?
Il serait préoccupant et dommageable pour la souveraineté des communistes, pour le vote des 16, 17, 18 juin, que l’on n’entende qu’un son de cloche. Il est indispensable qu’André Chassaigne puisse s’exprimer dans l’Huma afin que les communistes aient toutes les cartes en main.
C’est aux communistes d’avoir le dernier mot et de choisir entre André Chassaigne et Jean-Luc Mélenchon, surtout qu’à ce jour, l’accord avec les composantes du Front de gauche est loin d’être réglé.
Je me permets de t’interpeller pour qu’il y ait un peu d’équité en dernière minute.
Reçois, Cher Pierre, mes fraternelles salutations.
André GERIN