A propos des manifestations anti-pass sanitaire

, par  Gilles Mercier , popularité : 1%

Ces manifestations entrainent dans leur sillage des mouvements factieux, de nombreux « gilets jaunes », des syndicats CGT, des anarchistes, la France insoumise et même des membres du PCF.

Si ces manifestations ont pour objet le rejet du pass-sanitaire, elles expriment peu ou prou le rejet de la vaccination. Elles traduisent le fort recul des idées de classe et des idées rationnelles.

La forte présence de différents mouvements factieux a conduit certains a constituer des cortèges distincts. Ces même pensent qu’en appelant à manifester, ils peuvent infléchir un mouvement profondément structuré par l’extrême-droite et contribuer à créer un mouvement social qui mettent en cause la politique du gouvernement !

Selon l’OMS plus de 1,5 million de personnes sont décédées du Covid, c’est une estimation basse. En France le nombre de victimes se monte à 120 000.
Comme pour beaucoup de maladies dues à des infections virales, le seul moyen de se protéger est la vaccination.

Concernant la vaccination, l’idéologie à pris le dessus sur la réflexion. Les vaccins à ARN Moderna et Pfizer ont été cloués au pilori par certains aussi bien à gauche qu’à l’extrême-droite. Cette approche vaccinale n’est pas nouvelle, mais jusqu’il y a peu, elle se heurtait à des problèmes technologiques. Ces problèmes ayant été résolus, elle constitue une rupture technologique qui présente un avantage sur les deux autres méthodes jusqu’ici utilisées (virus atténué, et antigène fixé sur un adénovirus). Elle est bien plus rapide dans la production des vaccins. De plus, elle constitue au delà de la production vaccinale une approche thérapeutique très prometteuse pour de nombreuses maladies. Les faits sont là tout du moins en ce qui concerne le Covid : le niveau de protection des vaccins à ARN est supérieur à ceux obtenus par les deux autres approches vaccinales.

Comment faire pour étendre la vaccination et protéger ainsi toute la population ? Soit par l’obligation vaccinale déterminée par la loi, soit par une forme de contrainte.
Nous sommes tous vaccinés parce que l’obligation vaccinale pour les enfants est déterminée par la loi. Un enfant ne peut entrer en crèche ou à l’école sans être vacciné. En 2018 le nombre de vaccins obligatoires pour les enfants est passé de 3 à 11. Saisie par une association anti-vaccination, le Conseil d’Etat avait validé la loi, car elle n’était pas contraire au « droit à l’intégrité physique et au respect de la vie privé » car justifiée « par la protection de la santé publique ». La Cour européenne des droits de l’homme avait également statué sur la question en donnant tort à ceux qui s’opposaient à la vaccination de leurs enfants en jugeant disproportionné les éventuels risques de la vaccination mis en avant par ses opposants face bénéfices procurés par cette dernière.

L’obligation vaccinale pour les adultes, est compliquée à mettre en œuvre.
Elle nécessite de déterminer les sanctions pour ceux qui la refusent, et déterminer les modalités de contrôle de la vaccination obligatoire. Le gouvernement a opté pour le pass-sanitaire qui contraint à la vaccination. Ce pass-sanitaire serait attentatoire aux libertés et constituerait un moyen de flicage de nos activités !Nous sommes un plein délire idéologique. Toute liberté a ses limites. La liberté de chacun s’arrête à celle des autres. S’il n’y a pas de limite, c’est la loi de jungle, celle du plus fort qui s’impose.

Il y a une épidémie et le seul moyen de se protéger et de protéger son entourage est la vaccination. Ne pas se faire vacciner, c’est faire fi de l’intérêt général. Nous n’avons pas le droit de proprager en conscience ou non la maladie et la mort autour de nous.
En contraignant à la vaccination, le gouvernement évite le confinement.

Il faut sortir de cette situation et ce d’autant que les mutations du virus génèrent des variants plus contagieux.

De l’anti pass-sanitaire à l’anti vaccination, il n’y a pas loin. L’anti pass sanitaire amène à l’anti-vaccination. Ce n’est pas un hasard, si Trump et Bolsonaro sont contre la vaccination. Et ce n’est pas un hasard si les mouvement factieux sont à l’origine des manifestations contre le pass-sanitaire l.

Ces manifestations sont nauséabondes, les factieux y sont présents en force. l’anti-sémitisme s’y exprime de façon décomplexé, ce qui nous ramène aux pages sombres de notre histoire. Il ne s’agit pas de quelques illuminés, mais d’organisations connues, structurées, comme Civitas.

Le conspirationnisme a le vent en poupe ! Le virus serait propagé par les juifs pour diriger le monde !Les élucubrations les plus dingues circulent sur les réseaux dits sociaux qui sont avant tout des lieux de désinformation. Nous serions des cobayes des laboratoires ! Sous prétexte de liberté, on manifeste contre les élites, contre le pouvoir central. Il n’y a rien d’étonnant à retrouver les « Gilets jaunes » clapotant dans ce marigot idéologique.

Comment en est on arrivé là au pays de Descartes, au pays de la pensée rationnelle ?
Toutes les forces politiques et syndicales ont leur responsabilité. Par lâcheté politique, elles ont accompagné la propagation de l’irrationnel de l’obscurantisme.
Commençons par les forces dominantes.

Les médias et la presse sont les relais des ONG et associations, de leurs discours irrationnels, antiscientifiques générateurs de peur, de leurs prophéties catastrophiques. Martelés depuis des décennies, ces discours ne sont pas sans conséquence. Ils ont induits une méfiance à l’égard de la science notamment mais pas seulement dans les franges de la population les moins éduquées. Ce sont elles qui sont justement les moins vaccinées.

Pour la vaccination, les médias se sont particulièrement distinguées en promouvant D Raoult et sa chloroquine miracle fermant les yeux sur son absence de rigueur scientifique. (https://www.lexpress.fr/actualite/medias/podcast-les-etudes-troubles-de-didier-raoult_2155065.html ). Il est vrai que l’exemple venait d’en haut. Pourquoi se gêner ? Le Président de la République ne l’avait-il pas adoubé en venant en personne le rencontrer à Marseille, lui conférant ainsi notoriété et respectabilité. D Raoult a toujours bénéficié d’un soutien politique appuyé de personnalités politiques de droite comme de gauche (R Muselier, C Estrosi, P Douste-Blazy, S Royale,...).
En ce qui concerne le PCF.

Il était autrefois le Parti de la rationalité, de la défense de la démarche scientifique. Son influence allait au delà de son influence électorale. Avec l’effondrement du socialisme, il a sombré dans l’opportunisme. Il a suivi Attac, il a fait de J Bové une icône de la défense de la paysannerie. Il a fait sienne la lutte contre la technologie présentée comme l’arme des multinationales. Il a présenté les travailleurs scientifiques comme des mercenaires au service de ces mêmes multinationales. Il est allé jusqu’à présenter les recherches en biologie moléculaire dans le domaine végétal comme un moyen d’assujettir la paysannerie. Gerard Le Puill dans l’Huma a même affirmé que la recherche en biologie dans le domaine agricole avait atteint ses limites et qu’il était nul besoin d’aller plus loin.

Rappelons un point fondamental « oublié » par le PCF, la technologie est une arme de domination économique et non une arme de domination sociale. Bien entendu, cet opportunisme idéologique fut suivi dans la CGT notamment par l’UGICT.

La crise sanitaire est ainsi survenue dans un contexte de défiance structurelle envers les principales institutions du pays en particulier les institutions politiques. Dans ce contexte, D Raoult est apparu avec un discours extrêmement fort, rassurant qui prenait le contre pied des déclarations contradictoire du gouvernement notamment sur le port du masque. Sa posture d’homme à contre-courant a pu bénéficier d’un fort soutien parce que nombre de français ne croient plus dans les discours officiels, dans les institutions largement honnies.

Ainsi, à la défiance envers des institutions politiques et médiatiques officielles succède une confiance aveugle envers des personnalités, en apparence hors système. mais en apparence seulement. Tout se passe comme si certains s’en remettaient dorénavant, et en dernier recours, à des personnalités alternatives avant tout parce qu’elles ne croient plus dans les institutions.

La parole des autorités publiques, d’où qu’elle émane, est si décrédibilisée que peu lui accorde un quelconque crédit, même dans une situation aussi tragique que celle de la crise sanitaire. L’adhésion aux thèses complotistes se trouve facilitée. 

Les niveaux de défiance dans les principales institutions sont devenus si élevés qu’ils offrent un terreau fertile à ceux qui tentent de les défier. La défiance est si diffuse qu’elle agrège des individus aux profils politiques et socio-démographiques extrêmement divers, se manifestant plus ou moins selon les circonstances, c’est ce que nous observons dans les manifestations.

C’est ce terrain propice qu’investissent les groupes factieux en essayant d’agréger tous les mécontentements.

Ce terrain est d’autant plus propice que les idées de classe se sont effondrées suite à l’effondrement de l’URSS. Les glissements sémantiques sont révélateurs. Les lobbies se sont substitués aux intérêts capitalistes, les élites, les riches, les puissants ont remplacé la bourgeoisie. La lutte contre les élites a remplacé la lutte de classe.
La loi n’est pas très claire concernant les salariés concernés par l’obligation vaccinale. Les salariés qui sont en contact avec le public en seront soumis ainsi que les salariés des centres médicaux, hospitaliers, de santé, etc. Concernant ces derniers le refus de se faire vacciner entrainera l’arrêt de de la rémunération. Certain de ces professionnels ont décidé de changer de métier invoquant le libre choix de la vaccination. Un professionnel de santé n’a pas le droit de mettre en danger la vie des patients. Les patients sont par définition des personnes fragilisées, et donc plus susceptibles d’être contaminée par des pathogènes. Les personnels de santé victimes de la politique d’austérité ne croient plus aux propos de leur ministre, mais ceci ne peut pas justifier le refus de la vaccination. Le Covid-19 est devenu la principale source de maladie nosocomiale dans les établissements de santé. En mars de cette année, une étude de santé public France révélait que sur les 44 401 cas d’infections nosocomiales de Covid-19 dans les centres de santé près de 27 000 sont des patients contre plus de 17 000 professionnels de santé et seulement 10 visiteurs. La conclusion s’impose : la vaccination des professionnels de santé reste l’une des principales armes contre le coronavirus.

Pour la vaccination anti-Covid des personnels de santé, le gouvernement a sa responsabilité comme les précédents d’ailleurs. Le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche comme celui de la santé ferment les yeux sur les enseignements de pseudo-médecine donnés par les universités auprès des professionnels de santé. Ces enseignements sanctionnés par un diplôme sont payants (environ 2000 euros). Ils constituent pour les universités un moyen de financement. Qu’importe la déontologie, qu’importe d’enseigner des pratiques de soin non scientifiques déviantes, aliénantes, prônées par les groupes sectaires dont la plupart sont contre la vaccination. L’important est de recueillir de la tune pour compenser l’insuffisance des dotations ministérielles. Comme ces enseignements s’adressent avant tout aux personnels de santé, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’une fraction d’entre eux soit rétive sinon opposée à la vaccination.

Au final dans ce fatras idéologique, il n’y a plus aucun repaire. A tel point que des syndicats CGT non seulement appellent à manifester sans se poser aucune question concernant les gens au coté de qui ils manifestent mais en plus appellent à la grève illimitée contre le pass sanitaire !!

Comme le dit fort justement le camarade Lorenzo Battisti de la CGT Banque assurance « Les mouvements sociaux sont comme des bus, tout le monde peut y monter. Le problème est de savoir qui s’assied derrière le volant ». Il est clair que ce mouvement anti pass sanitaire est structuré organisé avant tout par des mouvements d’extrême-droite. Il est le terreau du fascisme.

Pour lutter contre la politique du gouvernement, il faut lutter contre sa politique économique et sociale. Ce terrain là n’est pas celui des factieux. La journée d’action du 5 octobre remettra le salariat en marche contre la politique du capital et doit contribuer à clarifier les enjeux.

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