Alain Soral ? un poseur, un imposteur
Commencer la journée avec cet imbécile est de mauvaise augure, mais que l’on se rassure, il ne nous occupera pas plus qu’il ne le mérite, le temps de remettre les pendules à l’heure sur l’insigne médiocrité de ce fils de notaire qui parait comme dans la chanson de Brel toujours en train de chanter d’une voix avinée "les bourgeois c’est tous des cochons"… Pour mieux rallier leur camp, celui de l’ordre sans imagination et de minables provocations…
Danielle Bleitrach
Source, le site lahorde
Alain Soral s’est illustré, dans une vidéo postée le 6 juillet 2013, en commentant l’assassinat de Clément Méric, qu’il qualifie de « dérisoire », de « grotesque », de « fait divers d’ados » (sic), et en insultant Clément sans retenue, se moquant par exemple de son physique… Pire, au nom de la défense de la « minorité opprimée » que seraient les naziskins, il prétend avoir envoyé de l’argent à Esteban Morillo, le meurtrier de notre camarade. Une provocation de plus de la part de l’un des éléments les plus médiatisés de l’extrême droite française, et l’occasion pour nous de revenir sur ce clown triste : un rappel de quelques vérités semblent nécessaires, en particulier ses fréquentations passées et présentes dans à peu près tout ce que l’extrême droite compte de tordus en tout genre.

En quelques années, Alain Soral est parvenu à être dans un premier temps sympathisant du FN, dans un second temps militant voire intellectuel autoproclamé du FN (il faut dire que la concurrence n’était pas vraiment féroce), puis dissident frontiste et finalement leader d’un petit groupuscule oscillant entre le nationalisme républicain et une sorte de "nationalisme révolutionnaire" New-age (les références politiques en moins), candidat sur une liste antisémite composé de paranoïaques et de marginaux politiques, fondateur/éminence grise d’un pseudo-journal politico-satirique, Flash, et enfin auteur à succès d’opuscules conspirationnistes et antisémites. Girouette mégalomane, affabulateur conspirationniste, bateleur imbécile, Alain Soral a un parcours tout à son image.
Une jeunesse bourgeoise

Alain Soral à 24 ans
Il y a encore quelques années, de son vrai nom Alain Bonnet de Soral, parlait avec nostalgie des cités ouvrières et du Paris ouvrier dans lesquelles il avait passé son enfance et scandait à qui voulait l’entendre qu’il était fier de s’être hissé socialement grâce à l’école de la République… La réalité est toute autre : Alain Soral est un fils de notaire, scolarisé au collège Stanislas [1] à Paris. S’il vécut un temps à Meudon, il habita de nombreuses années rue de Vaugirard à Paris, l’une des rues les plus chères de la capitale…
Après avoir vécu un temps en province, il revient à Paris en 1976, année à laquelle débute sa période « bourgeois-bohème ». Il évolue alors, avec un certain succès, dans un milieu qu’il dénigre aujourd’hui. Il fréquente à la fois le monde de la nuit et celui des intellectuels parisiens, devient étudiant aux Beaux-Arts et dans les années 1980, embrasse alors la carrière de journaliste et d’écrivain en pigeant dans divers magazines.
En 1990, il découvre les écrits de Michel Clouscard, auteur marxiste critique, inventeur du concept de « libéralisme-libertaire », connu pour son travail sur Mai 68 et ses conséquences sur la société française. Alain Soral s’empare des théories de cet universitaire, sans doute plus par non-conformisme que par réelle adhésion théorique, en ne retenant de la critique de Mai 68 qu’une haine viscérale pour tous les mouvements d’extrême gauche issus de cette période. Il prétend encore aujourd’hui être le vulgarisateur et continuateur des thèses de Clouscard, bien que ce dernier ait publiquement dénoncé la récupération de ses idées par Soral dans le journal l’Humanité du 30 mars 2007 [2], expliquant sommairement que Soral n’avait rien compris à ses écrits. A cette époque, il persiste à fréquenter le milieu parisien de « gauche » du monde des médias, dans lequel il grenouille depuis le début des années 1980, espérant s’y tailler une place d’intellectuel de référence. Pourtant, il révélait à Vénissieux le 2 mars 2007, lors d’une réunion publique avec le FN :
« Dès cette époque [les années 1980] je préfère encore un facho à un gauchiste… ce que je reproche au facho, que je croise en allant draguer l’étudiante en droit du côté de la fac d’Assas, ce n’est pas sa radicalité révolutionnaire, mais le fait que son origine bourgeoise le poussera inéluctablement à rallier l’UDF ou l’UMP une fois son diplôme en poche, comme les Madelin et autres Devedjan. »
Alain au pays des soviets
En 1990, en pleine période de l’écroulement de l’URSS, Soral adhère au PCF. Il explique aujourd’hui les raisons de son engagement en déclarant que, selon lui, il est primordial que deux pôles antagonistes coexistent pour que la France puisse continuer d’avoir sa place dans le concert des nations, et la meilleure façon d’aider la nation, c’est de soutenir l’URSS via le PCF. Curieusement, cette position est ni plus ni moins que celle tenue par Alain de Benoist à l’époque, gourou de la Nouvelle Droite et du GRECE. Un individu que Soral croisera à plusieurs reprises dans son parcours, en particulier à l’Idiot International. Étrangement, personne aujourd’hui au PCF ne se souvient du passage d’Alain Soral. Ce dernier donne bien le nom de la cellule à laquelle il appartenait, « cellule Paul Langevin », mais cette appellation est tellement courante qu’il est impossible à ce jour de retrouver des militants affirmant avoir rencontré Soral. Il y a toutes les chances que Soral ait effectivement pris un jour sa carte au PCF, sans pour autant s’être investi dans un travail local ou avoir vendu l’Huma Dimanche, bien qu’il prétende avoir participé à la campagne contre le traité de Maastricht en 1992.
A la même époque, il participe, aux cotés de Jean-Paul Cruse [3], à la création du « Collectif des travailleurs communistes dans les médias », alias la « Section Ramon Mercader » (du nom de l’assassin de Trotski), dont le logo était deux piolets croisés. Ils publient un bulletin : La lettre écarlate. Malgré les propos de Soral, qui donne beaucoup d’importance à cette aventure [4], tout cela restera ultra confidentiel, c’est à dire connu seulement de Soral, Cruse et de leur petit cercle d’amis. Ce genre d’histoire ne peut que convaincre des individus ne connaissant pas l’univers du PCF et de la CGT. En effet, le PCF n’aurait jamais toléré qu’une cellule ou association portant un nom aussi provocateur puisse exister. Quant à la CGT, elle n’aurait pas permis qu’une telle structure puisse exister en dehors du tout puissant Syndicat du Livre. L’importance donnée aujourd’hui à cet épisode est due en grande partie à la publicité qu’en a fait Alain Soral, mais également Didier Daeninckx lorsque ce dernier présenta le dossier à charges des « rouges-bruns » à Georges Marchais, à l’époque premier secrétaire du PCF.
L’affaire des rouges-bruns

A la même époque, Soral appartient à la rédaction de l’Idiot International, le journal de Jean-Edern Hallier, haut lieu de convergence de militants et d’intellectuels de tous bords, en rupture ou marginalisés d’avec leur milieu d’origine, la plupart du temps ne représentant qu’eux mêmes. Autour de Marc Cohen, rédacteur en chef du journal et membre du PCF, ancien responsable de l’UNEF-renouveau, on trouve pêle-mêle l’équipe de Jalon [5] (journal satirique dont certains membres avaient flirté avec l’extrême droite comme son directeur Basile de Koch, de son vrai nom Bruno Tellenne, frère de Karl Zéro, tous deux proches du GUD durant leurs études), Alain De Benoist du GRECE et de la revue Éléments, le journaliste Frédéric Taddéï [6], Jean-Paul Cruse. Cette volonté de journal « trans-courant », voulu par Edern-Hallier, passe par une destruction des clivages gauche-droite. Cette alchimie malsaine aboutira à un texte de Jean-Paul Cruse en 1992 « Vers un Front National » dans l’Idiot International, qui propose une alliance entre les communistes, le Front national et les partisans de Chèvenement et Pasqua pour « conduire une politique autoritaire de redressement du pays ». Après avoir longtemps refusé la paternité du texte, Jean-Paul Cruse aujourd’hui la revendique intégralement, après que Soral a laissé pensé qu’il en serait l’un des auteurs. Ce texte provoque une vive émotion à gauche, surtout au sein du PCF, dont certains membres sont impliqués dans l’Idiot International. La réaction du bureau national du SNJ-CGT ne se fait pas attendre en condamnant le texte, rappelant que « ces idées ne sont pas celles de la CGT », qu’elle les combat « même de toutes [ses] forces » [7].
Le PS fait pression sur Edern-Hallier pour virer l’équipe de l’Idiot International, et Marchais fait le ménage dans son parti. Soral quitte le PCF en 1993 (ou en est exclu selon les versions qu’il donne de cet épisode). Cette confusion des genres, née principalement pendant la mobilisation contre la Guerre du Golfe, aura quelques répercussions sur le terrain, essentiellement autour de la personne d’Alain de Benoist. Le 10 janvier 1992, il est invité à s’exprimer sur les ondes d’une station radio du PCF et, quelques jours plus tard, il apparaît dans le carré de tête d’une manifestation anti-guerre, le 12 janvier 1991. Il interviendra le 12 mai 1992 dans un débat organisé par l’Institut de recherches marxistes (dirigé par Francette Lazard) à la Mutualité sur le thème « le réveil de la pensée critique » [8]. Quant à Marc Cohen, il participera à un débat organisé au Musée social à Paris par la revue du GRECE, Éléments, le 19 mai 1992, sur « la recomposition du paysage intellectuel français ».
Coming-out nationaliste
Après cette petite escapade, Soral décide de retourner à son métier d’écrivain, pour lequel il connaît un certain succès, dès 1996, avec « Sociologie d’un dragueur », peaufinant au fil du temps son numéro bien rôdé de macho républicain sur les plateaux de « C’est mon choix » ou de Thierry Ardisson. Bien qu’on lui prête sur cette période (fin 1990 début 2000), une sympathie et un rapprochement avec la mouvance souverainiste de JP Chevènement [9], il semble, une fois de plus, que son engagement tienne plus du mythe, se limitant à une dédicace pour l’ancien ministre de la Défense dans l’un de ses ouvrages. Malgré ce succès médiatique et éditorial, Alain Soral est de nouveau tenté par le démon de la politique. Et cette fois-ci, il met la barre à droite toute ! Pour son retour dans l’arène politique, Soral commence en effet par répondre aux questions d’Éléments [10] en 2004, revue de la Nouvelle Droite où l’on retrouve Alain De Benoist, personnage déjà croisé à l’époque de l’Idiot International. L’année suivante Soral donne une interview au fanzine "national-bolchevik" Rébellion.
Il franchit un cap supplémentaire le 24 juin 2006 en dédicaçant son livre dans la librairie Facta d’Emmanuel Ratier, à Paris. La même année, il est signataire aux côtés de Fabrice Robert, Philippe Vardon et Gilles Soulas d’une pétition demandant la libération du néonazi Michel Lajoye, condamné pour des attentats à l’explosif contre des bars et résidences de travailleurs maghrébins. Il préface l’ouvrage d’Anne Kling [11], La France LICRAtisée, dont les fantasmes sur le lobby juif et la LICRA rejoignent complètement ceux de Soral. Enfin, en août 2006, aux côtés de Marc Robert (FN), Thierry Meyssan (Président du Réseau Voltaire passé aux délires paranoïaques et complotistes), Dieudonné, Ahmed Moualek (La Banlieue s’exprime, pseudo association de banlieue à la gloire du FN) et Frédéric Châtillon (ancien chef du GUD et proche de Marine Le Pen), Alain Soral participe à un voyage au Liban.
FN : je t’aime, moi non plus

En parallèle, il rejoint les rangs du FN, de façon officieuse, dès 2005 après un dîner pris en commun avec Jean-Marie Le Pen. Il rédige alors au moins l’un des discours du président frontiste, « le discours de Valmy », prononcé le 20 septembre 2006. Ce n’est qu’une fois son engagement au FN rendu publique en novembre 2006, qu’il intègre officiellement le bureau politique du FN. Dans le même temps, il fonde son club de pensée Egalité et Réconciliation, qui aura l’honneur de recevoir lors de sa deuxième université d’été, la visite de Jean-Marie Le Pen. Soral se sent alors pousser des ailes, accompagne Marine Le Pen dans tous ses déplacements, joue les « fiers à bras » face aux journalistes, protégé quand même par le DPS, s’intronise caution de gauche du FN [12]. Jamais avare de phrases chocs, Soral déclare alors à qui veut l’entendre que si « Marx était encore vivant, il voterait Le Pen » ou bien encore, que les vrais communistes et les vrais défenseurs du prolétariat, les vrais révolutionnaires étaient au FN [13].
Si l’intégration de Soral au FN est une réussite médiatique, en interne le monsieur commence sérieusement à agacer [14]. Des cadres du FN, présents depuis des années dans l’appareil, supportent mal l’attitude de Soral, surtout quand ce dernier se permet de revendiquer la tête de liste FN en Ile-de-France pour les européennes dès le mois de juin 2008. Le sociologue va rapidement déchanter à la fin de l’année 2008 quand il apprend que le clan Le Pen lui refuse la tête de liste pour les régionales. Vexé, il refuse alors la seconde place ou une place éligible, et fidèle à son habitude quand il n’obtient pas ce qu’il veut, Soral rejette la faute sur ses anciens camarades et les insulte allègrement. Jean-Marie Le Pen, quelques temps plus tard, se fera un plaisir de souligner certains traits de caractère du personnage : « Alain, ce n’est pas un politique, c’est un romancier. Et puis, il a un fichu caractère. Moi, il ne m’a jamais manqué de respect, mais dès que quelqu’un n’était pas d’accord avec lui, il l’insultait : « juif ! pédé ! ». Ce n’était plus possible. » [15]. Un malheur n’arrivant jamais seul, quelques jours avant l’annonce officielle de son départ du FN, Alain et ses maigres troupes d’E&R se prennent une volée à Paris lors de la manifestation en soutien au peuple palestinien à Paris. Son départ du FN en interne est vécu comme un soulagement, et chacun, même en dehors du FN, en profite pour régler ses compte avec Soral qui annonce, dès lors, son repli sur son club Égalité et Réconciliation.
Égalité et Réconciliation
Fondé officiellement en 2007 avec Marc Georges, Frédéric Chatillon et Gildas Mahé O’China (ancien du GUD également), Égalité et Réconciliation avait alors pour vocation de devenir la boîte à idées pour le Front national, toute entière vouée au culte d’Alain Soral. Cette petite structure tente alors de se créer un espace politique pour ceux qui, en rupture avec leur milieu idéologique, seraient attirés par une « union antisystème » au-delà des clivages gauche-droite. Ce n’est ni plus ni moins qu’une énième version d’un vieux projet des tercéristes, autres "nationalistes-révolutionnaires" français, depuis des décennies en France. Il n’est pas alors étonnant de voir des gens comme Christian Bouchet ou la rédaction de Rébellion se rapprocher d’E&R. Au vu de la forte composante NR ou "Nationaliste-Bolchevique" lors des premiers mois de vie de E&R, il n’est pas surprenant que dans un premier temps Soral ait présenté son association comme l’héritière du Cercle Proudhon [16], inconnu du grand publique, mais au combien mythique chez les NR.
La vraie réussite d’E&R, c’est d’avoir, contrairement aux autres tentatives NR d’« union antisystème », réussit à attirer à eux des individus et des structures étrangères à la galaxie nationaliste, servant de caution de « gauche » au projet E&R (quelques militants de l’ancien Parti des Travailleurs et de la secte politique de Cheminade, Solidarité et Progrès). En y regardant de plus près, on remarque très rapidement que ces alliés sont très marqués par l’antisémitisme et une paranoïa excessive frisant le pathologique. Ce flou artistique autour des idées d’E&R et son marxisme de bazar peut arriver à tromper des militants sincères, peu au fait de l’évolution récente d’une partie de l’extrême droite française, d’autant que dans le même temps, Soral et E&R ont tenté de rentrer en contact avec certains représentants les plus conservateurs de la communauté musulmane, cherchant à peu de frais une caution antiraciste. Serge « Batskin » Ayoub, associé un temps au projet, s’éloigne définitivement de Soral après l’ouverture du « Local », bar associatif, projet à l’origine lié à E&R, mais totalement géré aujourd’hui par l’ancien JNR [17].
Soral reprend alors son bâton de pèlerin et part donner des conférences pour différentes structures nationalistes, dont le groupe Unité Populaire, version suisse d’Egalité et Réconciliation, en 2008, où il expose sa vision du marxisme, pour le moins curieuse, puisqu’il appelle à l’union des employés et des patrons, victimes au même niveau, selon lui, du système capitaliste et appelle de ses vœux à l’union des classes populaires et de la bourgeoisie nationale ! Plus fort il désire dépasser le concept de lutte des classes pour restaurer les « solidarités nationales ».
Veste ou quenelle [18] ?

Privé de tête de liste pour les Européennes, Soral se tourne alors vers son « ami Dieudonné [19] » qu’il avait largement brocardé quelques années auparavant et délaissé depuis l’officialisation de son appartenance au FN. Ils se retrouvent alors autour du Parti Anti-Sioniste (PAS) de Yahia Gouasmi pour monter la Liste Anti-Sioniste en Ile-de-France, sur laquelle Soral, bien que porte-parole de la liste, se retrouve à la 5ème place, en position inéligible. Cette liste, totalement financée et encadrée par le PAS, ne dépassera les 0,5%. Le résultat est, semble t-il, rude pour la petite bande, certains pensant alors atteindre allègrement les 10%. Même si Soral et Marc George déclarèrent plus tard dans la lettre interne des militants/sympathisants de E&R que du haut de leur grand expérience, ils savaient qu’ils ne dépasseraient pas les 1%, lors de la soirée de fin de campagne de la Liste (où l’on peut apercevoir Thomas Werlet avec son petit béret à la recherche d’amis pour étoffer son gang de boneheads), ça plane sévère niveau estimation.
Une fois retombée l’euphorie des résultats pourtant médiocres, les langues ont commencé à se délier concernant l’ambiance au sein de cette liste. Ainsi, Ginette Skandrani de conclure, concernant Soral : l’écrivain n’était « malheureusement pas un militant de terrain… ». Mais c’est sans doute du côté de Thomas Demada, membre d’Egalité et Réconciliation, militant NR, aujourd’hui responsable de la branche européenne du MDI de Kémi Séba, que la sentence est la plus terrible : selon lui, Soral possède « …une intelligence vraie et débridée, mais trop débridée, au point de tourner à la filouterie et l’opportunisme idéologique ! » [20]. Demada passe une deuxième couche concernant le « boxeur [21] Soral (qui) se montre également un excellent gymnaste, spécialiste du grand écart », manière délicate mais réaliste de la part de Demada, de décrire l’inconstance des convictions de Soral, le sieur étant capable de dire et défendre tout et son contraire ! [22] Il est frappant de constater qu’une fois le charme du talent oratoire de Soral dissipé, rapidement les gens s’éloignent de lui, ne supportant plus son narcissisme et son inconstance dans ses idées et ses théories.
On aurait pu penser que Soral aurait cherché à transformer son fan club « Égalité et Réconciliation » en parti, comme il l’avait annoncé durant l’été 2009 : mais, avec l’exclusion au printemps 2010 du secrétaire général de l’association, Marc George, qui défendait cette ligne, E&R devient ce qu’il est encore aujourd’hui : un simple fan-club d’Alain Soral. Lors du bilan de l’Assemblée générale d’E&R des 27 et 28 mars 2010, il est précisé : « suite à une grave crise interne, il a en effet été décidé de revoir les documents précédents en rendant à Alain Soral un contrôle total sur son association » [23].
Aussi, E&R n’est donc plus aujourd’hui qu’une coquille politique vide, destinée à servir de promotion de la « pensée » soralienne et, parfois, aux productions de ses amis. Une activité particulièrement lucrative pour Soral, son ouvrage pompeusement appelé Comprendre l’Empire ayant connu un véritable succès, en particulier dans la vente en ligne (il serait dans les 100 meilleures ventes du site Amazon…). Bien que n’ayant plus qu’une existence politique virtuelle, Soral, de par l’audience de son site, conserve ainsi un potentiel de nuisance non négligeable, que tout antifasciste se doit de prendre en compte, en rappelant à celles et ceux qui se plaisent à l’oublier, d’où il vient, quelles idées il défend réellement et quels sont ses amis d’hier et d’aujourd’hui.
Note : L’essentiel de l’article a précédemment été publié dans le bimestriel No Pasaran n°77, hiver 2009-2010.
Voir en ligne : Sur le blog de Danielle Bleitrach, Histoire et société