Communisme : Qui a peur ? De qui et de quoi ?
Par Daniel Sario membre du BF de l’Hérault Balaruc les bains.
Depuis plusieurs jours, l’Humanité produit des lettres de lecteurs et des tribunes avançant l’idée que Jean-Luc Mélenchon serait le meilleur candidat pour représenter le Front de gauche aux prochaines élections présidentielles. Les adeptes de ce scénario qui prédisent en même temps, que cela permettrait l’élection d’un plus grand nombre de députés communistes et du Parti de gauche, s’engagent dans un pari risqué. "Pari" est d’ailleurs le terme utilisé par Pierre Laurent pour défendre sa stratégie du Front de gauche, comme "pari" était aussi l’expression choisie par Marie-George Buffet pour justifier jusqu’à l’absurde la stratégie des Comités unitaires antilibéraux (CUAL).
Toutes ces petites combines conduisent le mouvement révolutionnaire à l’échec et le PCF, son outil le plus productif depuis le début du XXè siècle, à la dissolution ou à la dislocation. Les travaux en marge du dernier Conseil national ont fait la démonstration que le PCF et ses militants étaient en capacité de "produire" de la matière pour l’élaboration d’un projet politique, mais Pierre Laurent et la direction nationale du parti n’en ont cure. Pour eux, seul compte le "projet partagé". Devinez comment et avec qui ? Depuis le congrès de 2008, cette stratégie du Front de gauche sent le moisi des petits arrangements au sommet. Il s’agit d’une construction artificielle d’où le terme même de rassemblement est dévoyé au profit d’une addition d’alliances. Qui plus est, d’alliances minoritaires à la gauche du Parti socialiste.
Les tenants de cette ligne renvoient les communistes qui sont favorables à la "souveraineté du PCF" et au "rassemblement du peuple de France sur un projet progressiste" à des explications aussi simplistes que méprisantes : peur, sectarisme, immobilisme. Un tel discours grégaire est aussi insupportable qu’inapte à résoudre la problématique politique de fond : quelle société après le capitalisme, sinon une société du partage, de l’égalité, de la liberté, c’est-à-dire une société communiste. Mais qui a peur de cette idée et du mot communiste ? Qui n’assume plus cette identité ? Peut-on mener le combat sereinement lorsqu’on est à ce point perméable à la stigmatisation anticommuniste ? Oui, plus que jamais, il faut aujourd’hui un projet communiste ambitieux, des militants souverains et décomplexés, des candidats communistes à toutes les élections et à tous les échelons.