Conseil National des 16 et 17 mars
Interventions de Marie-Christine Burricand
Intervention débat général samedi après-midi
Nous sommes confrontés à deux enjeux essentiels dans la période. La question sociale, portée notamment par le mouvement des gilets jaunes, reste très présente. Est ce que Macron peut malgré tout parvenir à maneuvrer pour la contourner et poursuivre ses mauvais coups sociaux et démocratiques ? Pour l’instant, rien n’est figé, mais il y a des motifs d’inquiétude.
Comment mettons nous en mouvement les communistes pour qu’ils ne soient pas spectateurs et marginalisés dans la période et qu’ils puissent rentrer de plein pied dans la campagne des européennes ?
La construction de la convergence des luttes, notre capacité à construire du lien avec les gilets jaunes et au-delà l’ensemble du peuple est bien posée. Ce n’est pas simple. J’ai participé à trois rencontres avec les gilets jaunes, franches et donnant lieu à des discussions approfondies. Nous avançons pas à pas tant sur la question des propositions que celle des conditions d’une transformation du système. Que signifie pour eux le mot insurrection, comment le peuple peut il prendre le pouvoir, rôle des élus, propositions sur les salaires et la fiscalité... tout cela fait débat, preuve d’ailleurs d’une recherche politique qu’il nous faut entendre sans nous effacer. Le chemin est long, nous avons rencontré des femmes et hommes qui ne votaient plus depuis plus de 10 ans...
Nous devons aussi prendre en compte dans la situation, le fait que s’il y a multiplicité des mouvements, la majorité du peuple n’est pourtant pas dans la rue.
Je partage les propositions du rapport concernant les élections européennes, notamment les deux arguments : nous sommes la seule liste de gauche à avoir rejeté tous les mauvais traités européens et nous sommes la liste du monde du travail, une liste composée de 50 % d’ouvriers et d’ouvrières qui fera élire la première femme ouvrière au parlement européen. Nous avons une belle liste, amplifions cet atout. Nous ne pouvons séparer la campagne des européennes et notre bataille sur les 10 propositions pour la France qui doivent en être partie intégrante.
Intervention sur les violences faites aux femmes, dimanche matin
J’ai apprécié la richesse du rapport d’Hélène Bidart et je suis en accord avec la résolution proposée au CN sur cette question et les propositions qu’elle contient qui me semblent intelligentes et éclairées, de nature à nous permettre d’affronter les derniers évènements .
Nous avons sans doute eu nos faiblesses quant au combat féministe mais nous devons aussi nous rappeler que le groupe communiste à l’assemblée nationale est le seul à avoir unanimement voté en 1975 la Loi Veil sur l’IVG et s’est toujours battu pour le remboursement de l’IVG par la sécurité sociale, condition de son accès pour toutes les femmes. Quant à la parole des femmes du monde populaire dans ces batailles, je ne pense pas qu’elles aient été à la traîne de la bourgeoisie, notamment concernant l’IVG. Le procès de Bobigny a été déterminant pour l’adoption de la loi. Ce sont des femmes des quartiers populaires et salariées modestes qui étaient poursuivies et ont accepté d’en faire un combat. L’avocate Gisèle Halimi a joué un rôle fondamental dans le combat pour l’IVG et mériterait d’être plus souvent citée quand on évoque cette loi. Au procès de Bobigny, des centaines de femmes scandaient devant le tribunal : « L’Angleterre pour les riches, la prison pour les pauvres ».
Dans les quartiers populaires, une réelle solidarité des femmes existait, soutenues par certains médecins, pour permettre aux femmes d’avorter sans mettre en jeu leur vie.
Concernant la proposition des commissions non mixtes, écoutons nous. Les femmes de ma génération ont connu au parti les commissions femmes dans lesquelles il n’y avait que des femmes. Elles évoquaient souvent des questions spécifiques concernant les femmes depuis le droit à disposer de son corps jusqu’aux difficultés à prendre des responsabilités à cause des mentalités mais aussi de leurs conditions de vie marquées par une double journée. Ces commissions ont contribué à ce que des femmes prennent des responsabilités. En même temps, beaucoup d’entre nous ne pensaient qu’à en sortir par crainte d’être enfermées dans des questions spécifiques ; la mixité est un grande bataille de civilisation utile. Rien n’empêche une fédération, une section d’organiser des réunions spécifiques aux femmes si la demande, le besoin s’exprime ou se fait sentir. Il me semble que c’est la raison de s’en tenir là sans créer obligation ou institutionnalisation.
Postscriptum : sur cette dernière intervention, j’ajouterai que le PCF a été le premier à présenter des femmes aux élections. La révolution d’Octobre a été profondément révolutionnaire sur les droits des femmes et bon nombre de pays socialistes peuvent être fiers de leur politique sur cette question. Enfin, concernant la non mixité de certaines réunions, soyons attentifs à la pression idéologique pour isoler, diviser les exploités au nom d’expériences spécifiques qui ne pourraient se transmettre et se partager, travaillons justement à la construction collective à partir de l’apport de tous et de chacun.