Un film
Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...
Contribution de Laurent Brun pour une candidature communiste à la présidentielle
Rassemblement, rassemblement... barrage, barrage... ça fait 20 ans que j’entends les mêmes discours et que c’est d’une TOTALE inefficacité.
Depuis les mobilisations de barrage en 2002 après l’élimination du PS au premier tour, jusqu’à l’effacement de 2017 derrière JLM, en passant par les collectifs antilibéraux qui nous ont claqué dans les doigts (mais pouvait-il en être autrement ?), et de 2012 (peut être la seule campagne un peu intéressante), tous ces rassemblements ont échoués, tous les barrages n’ont fait que dresser des digues de bric et de broc idéologique pendant que la marée d’extrême droite montait.
Aujourd’hui il faut tirer le bilan : faire troupeau ne suffit pas, le rassemblement est stérile (pas dans l’absolu, mais dans les conditions d’aujourd’hui) en grande partie parce que les divergences idéologiques au sein de la gauche n’ont fait que se creuser (l’Europe, la décroissance, les privatisations...). Et donc ce rassemblement est factice, ce qu’une grande partie de notre classe comprend instinctivement ce qui la conduit à ne plus s’intéresser au processus politique et à se concentrer sur ses problèmes quotidiens. Une autre partie s’y fait piéger et est immédiatement déçue par les « trahisons » des pouvoirs de gauche. Trahisons qui n’en sont pas vraiment puisqu’il s’agit juste de l’expression des divergences idéologiques, que nous cachons dans les campagnes électorales, mais qui ré-émergent rapidement dans l’exercice du pouvoir.
Bref nous ne faisons que nous affaiblir.
Pendant ce temps-là, la réaction (extrême droite, droite « classique » qui se durcit de plus en plus, extrême centre macronien) poursuit son entreprise de martelage idéologique et de destruction sociale.
De quoi avons-nous besoin ?
Pour moi, la recette est plutôt simple :
1) d’une idéologie qui permette de refaire basculer les esprits du côté du collectif, de la solidarité, du progrès, qui réinvente l’économie et la gestion pour inspirer les luttes.
2) d’une Orga implantée profondément dans les entreprises et les quartiers, qui soit suffisamment bien structurée pour redonner confiance dans les actions et leur potentiel de victoire, dont les processus de fonctionnement démocratique redonnent confiance et permette d’écarter le spectre des trahisons de gestion...
Idéologie et organisation. Nous en sommes très loin. L’hégémonie idéologique est acquise au capitalisme. Et nous sommes désorganisés comme jamais.
Il faut reconstruire. Cela ne se fera pas en claquant des doigts, ce sera dur, mais il faut bien commencer quelque part.
Idéologie et organisation. Une campagne électorale çà sert à quoi sur ces deux thèmes ?
Pour les idées, nous n’avons pas besoin d’une énième synthèse à gauche ou d’une union sur le plus petit dénominateur commun. Nous avons besoin de controverses, de polémiques, au sens noble (donc sur le fond). La campagne électorale peut faire ré émerger un débat intéressant à gauche, sur l’économie, la démocratie réelle, la place du travail... un débat entre les candidats et leurs représentants, qui soit rude, passionné, à tel point qu’il soit commenté dans les familles ou dans les entreprises à la machine à café, et qui permette donc de réintéresser, de remobiliser. Pour cela, il faut que chacun défende ses idées, donc son candidat. Que les candidats s’affrontent, que les débats publics se multiplient... Et avec un peu de chance, cette émulation permettra d’en faire émerger un ou une au second tour. C’est d’ailleurs la seule chance pour cela. Une candidature unique ne fera que stériliser le débat à gauche. Et donc ce sera l’échec pour tous comme depuis 20 ans.
Pour que le débat soit productif, il faut évidemment éviter les invectives d’un côté comme de l’autre « ancien socialiste », « mort et néant », « maastrichien », « 1% », tout cela ne sert à rien. Il y a suffisamment à débattre sur le fond. Quelle économie demain ? Quelle place de l’industrie ? Quelle énergie, produite et distribuée comment ? Quels grands réseaux pour organiser l’économie et selon quels principes ? Quelle place des salariés dans le processus de production ? Quels temps libérés dans la journée, dans la semaine et dans la vie ? Quels besoins socialisés dans des services publics, selon quels principes et quels modes de financement ? Comment organiser la ville, et comment organiser les campagnes : concurrence métropolitaine ou autre ? Quelles infrastructures pour la culture, le sport, les loisirs, quel accès ? Quel logement ? Quels financements pour tout ça entre salaire, cotisation, impôt, emprunt et dividende ? Il faut tout réécrire et en débattre jusqu’à ce qu’on se soit approprié les solutions et qu’elles imprègnent la société. Il y a tellement de sujets. Rien que sur le ferroviaire, il y a des conférences et des débats passionnants à organiser.
Avoir son candidat permet de pouvoir mener ces débats en toute liberté à partir de ses propositions programmatiques, de développer précisément ses idées dans sa communication...
Pour l’organisation, il faut évidemment partir aussi sous ses couleurs. Donner des responsabilités à des jeunes camarades pour mener la campagne sur des secteurs précis (donc former des cadres aux pratiques d’organisation), organiser des formations, trouver des soutiens chez les syndicalistes ou dans les quartiers ou les associations et donc recréer des réseaux/collectifs/sections de proximité avec eux, faire adhérer des citoyens aux idées qu’ils partagent donc renforcer notre Orga... dans un rassemblement, on ne peut pas vraiment travailler son Orga parce que le rôle de chacun est brouillé, sans parler du message.
Donc personnellement ça ne me convaincra qu’on me répète ad nauseum qu’il FAUT UN RASSEMBLEMENT (tout en ne réunissant pas les conditions pour qu’il ait lieu, de toutes façons).
Je me prononce donc POUR un candidat communiste. Je fais confiance à Fabien Roussel pour porter nos couleurs. Et dans le même temps cette campagne doit être l’occasion d’un gros effort de toutes les structures du PCF pour développer un programme qui illustre nos idées, qui alimente la confrontation théorique, un gros effort pour permettre aux militants de se l’approprier, un gros effort de reconstruction de pratiques organisationnelles efficaces, un gros effort pour faire de chaque discussion positive une adhésion et/ou la re-création d’une section d’entreprise ou de quartier, l’organisation d’un réseau professionnel, etc…
« Le PCF est de retour » disait Fabien. Retroussons les manches et faisons en sorte que cette première étape soit positive.