La biodiversité, de Leningrad à la métropole... jusqu’aux communes ?

, par  pam , popularité : 90%

Ce n’est pas souvent, mais je pense utile de faire connaitre sur ce site cette intervention en séance du conseil de la métropole de Lyon, qui porte sur une petite affaire locale, une convention sur l’utilisation de légumes anciens dans un jardin, mais qui renvoie à une question d’histoire essentielle... quelles traces du socialisme réel aujourd’hui.

En l’écrivant, je pensais avoir en réponse des quolibets et une réaction outragée de la droite et de la "gauche", cela avait été le cas dans une intervention précédente sur la chine communiste.... Surprise, j’ai eu droit à des applaudissements, qui portaient bien sûr sur la forme, mais sans doute aussi qui montrent qu’au fonds, beaucoup savent bien que l’histoire soviétique ne se résume pas à sa diabolisation idéologique, même si le président Collomb a tout de suite répété "goulag, goulag, goulag..."

Mais c’est peut-être surtout aux communistes qu’il faut redire... le socialisme... ça repousse !

Cette délibération concerne le potager du parc technologique à Saint-Priest, hébergé à l’hôtel du lac dans le cadre d’une convention avec la métropole et le le Centre de ressources de botanique appliquée (CRBA). Nous soutenons bien entendu ce projet qui vise à la culture d’espèces locales anciennes presque disparues ou en voie d’extinction...

Le CRBA fournit les graines et aide à leur culture. Les récoltes ont pour vocation la production de graines dont la moitié reviendra au CRBA et l’autre moitié à la Métropole. Nous proposons que la métropole lance un appel à projet auprès des communes pour utiliser une partie de ces graines dans des expériences de diffusion auprès des jardiniers et notamment des jardins associatifs et jardins partagés.

Mais nous ne pouvons évoquer le travail du CRBA de conservation et préservation d’espèces anciennes, sans évoquer la convention passée entre le CRBA et l’institut Vavilov qui a conduit à la création du jardin Vavilov à Écully, qui j’en suis sûr, alimentera en graines le jardin de Saint-Priest.

Ce jardin Vavilov est constitué entre autres de variétés créées en région Rhône-Alpes entre le 19ème et le 20ème siècles, mais perdue depuis. Parmi les légumes ressuscités grâce à Vavilov, on retrouve le haricot lyonnais à longue cosse, la laitue batavia de Pierre-Bénite, le blé barbu du Haut-Beaujolais, le navet noir de Caluire et la courge blanche de Lyon.

Mais sans doute, vous ne connaissez pas ce grand botaniste Vavilov, un botaniste soviétique précurseur, qui parcouru le monde pour créer la première banque de préservation de la biodiversité et qu’un célèbre agrobiologiste actuel présente comme "l’un des premiers scientifiques à comprendre l’importance essentielle de la diversité biologique pour assurer la sécurité alimentaire de l’humanité. Et c’est dans ce jardin de ce qui s’appelait alors Leningrad que nous avons retrouvé nos anciens légumes lyonnais"...

Vous le voyez, le socialisme soviétique, c’était aussi l’innovation au service de la biodiversité... en terme d’image politique, ça décoiffe ! Et s’il est lui-même illustratif d’une histoire mouvementée puisqu’il meurt de faim au goulag en pleine guerre, il est honoré en 65 par la création du prix Vavilov qui existe toujours. Et en 1991, quand les oligarques russes et occidentaux se sont partagés les dépouilles de l’URSS, ils ont évidemment fermé cet institut et ce sont les botanistes, techniciens et jardiniers soviétiques qui ont fait vivre cette incroyable banque mondiale de la biodiversité... sans être payé pendant près de 10 ans...

En ce 100ème anniversaire des 100 jours qui ébranlèrent le monde, il faut constater que le socialisme a laissé des traces jusque dans nos jardins... Avis à tous ceux qui l’ont enterré, ça repousse !

Voir en ligne : sur le blog de Pierre-Alain Millet

Brèves Toutes les brèves

Navigation