Lutte contre le racisme… et le communautarisme
La mort de Georges Floyd en 8 mn et 46 s passées en boucle sur les chaînes télé, était insoutenable.
Elle a provoqué une indignation mondiale, des manifestations importantes en Amérique mais aussi en Europe, en France. Les manifestants ont crié leur colère, adoptant jusqu’au geste du genou en terre des Américains.
Nous savons fort bien que la police utilise la violence, blessant, mutilant parfois, nous l’avons vu avec les gilets jaunes.
Nous savons aussi que des pratiques discriminatoires touchent la population d’origine immigrée arabe et noire : le contrôle au faciès ; les insultes racistes, blessures humiliations et parfois meurtres.
Mais l’histoire du racisme en Amérique n’est pas la même que l’histoire du racisme en France. Le racisme en Amérique est basé sur la traite des noirs, l’esclavagisme, il était inscrit dans les lois des états du sud : les noirs étaient des esclaves, leurs maîtres ayant sur eux droit de vie et de mort, matant les révoltes avec l’aide du Ku Klux Klan, leur police, qui existe encore !!
Le racisme en France, c’est le colonialisme, l’exploitation par des colons souvent racistes, aux méthodes brutales, des populations arabes et noires. La France prétendait leur apporter « la civilisation » !! Alors qu’elle s’appropriait leur territoire et leurs richesses.
Après l’indépendance (le PCF a toujours lutté pour), les maghrébins ont été recrutés ou sont venus en France, parqués dans les « ghettos de la République » (André Gerin), discriminés souvent, ils ont effectué les travaux les plus durs, les moins bien payés, les moins valorisants.
Oui le racisme existe dans la police.
Mais nous savons aussi que les policiers sont recrutés parmi les jeunes les moins diplômés, ils sont ensuite envoyés sur le terrain sans formation suffisante au départ et sans formation continue ; les moyens manquent à la police comme ils manquent dans les hôpitaux, les écoles etc.
Nous savons que les policiers votent en majorité pour le RN ou les partis de droite. Bien que le syndicat majoritaire est FO, dont la direction nie tout racisme dans ses rangs, mais il y a du racisme dans d’autres formations, syndicats, associations…
Nous avons des propositions pour lutter contre les violences policières : le récépissé remis après chaque contrôle, une bonne formation à l’embauche et formation continue, une réorganisation de la police avec la création d’une autorité indépendante de la police.
Mais si notre combat contre le racisme doit continuer, il faut le mener avec vigilance. Il y a dans les associations, les partis, qui poussent et mènent le combat antiraciste, des « meneurs » qui veulent communautariser notre société et… nos luttes !
« Les indigènes de la République » avec Houria Bouteldja qui écrit qu’il faut raciser le combat, noirs, arabes contre Blancs (elle ne sait pas encore où placer les juifs…).
Elle ne veut pas la lutte de classes, mais la guerre des RACES !
Le Cran qui regroupe les associations noires : ils remettent en cause l’universalisme et déboulonnent les statues d’esclavagistes ou marchands d’esclaves. Ne vaudrait-il pas mieux ajouter des notices explicatives plutôt que des destructions de statues ? En Martinique, les manifestants ont déboulonné Victor Schoelcher, qui était anti-esclavagiste et a lutté pour la loi sur l’abolition de l’esclavage [1] ! J’ai été choquée.
Le communautarisme est une aubaine pour le pouvoir ; il détourne le combat social que nous devons mener contre le capitalisme !
Ne trouvez-vous pas curieux que les manifestations des salariés contre les licenciements, les salaires amputés, la crise économique qui va toucher les plus fragiles sont interdites alors que l’on permet les manifestations contre le racisme ?
Comme dit Jean Lévy sur son blog « l’antiracisme, un rideau de fumée pour le gouvernement » !
Alors que nous devons mener une lutte vitale contre la crise sociale , qui commence
avec les licenciements, la menace des salaires en baisse et des rallongements du temps de travail, la lutte pour l’hôpital, ses personnels qui étaient « nos héros » selon Macron, il faut qu’ils obtiennent des revalorisations de salaires (plutôt que des primes attribuées à certains et pas à d’autres créant des divisions), des postes d’infirmières etc. Plus une réindustrialisation indispensable pour avoir du
matériel sanitaire, pour relocaliser l’emploi (voir l’excellent article de Laurent Santoire).
Pour une souveraineté sanitaire … Mais aussi une souveraineté alimentaire, écologique.
Alors, à la manifestation du 16 juin avec les hospitaliers, nous serons avec eux tous les mardis, avec les salariés, les syndicats qui se joindront : j’ai mis l’affiche du syndicat CGT sur mon balcon !
Mireille Popelin