Conseil National du 17 Juin 2016
Pour une candidature venant des luttes...
Election, Luttes, radicalisation, risques
Cette question de la candidature communiste aux présidentielles a parcouru le congrès. Le texte adopté au moins interroge autant qu’il satisfait. Cette question est venue très largement dans ce CN. En liaison et c’est bien avec les luttes en cours. Luttes qui nous posent beaucoup de questions : quelles radicalisations, quels débouchés, l’abstention comme réponse ? Ceux qui travaillent à dévoyer les colères ? Le calendrier électoral est contraint, totalement organisé contre nous. Comment agir, tout de suite ? On sait ce qu’a coûté dans le passé attentes et atermoiements.
MC. Burricand vient de proposer des éléments d’analyse et de perspective, sur le mouvement social, je les partage. Veillons à saisir la totalité de "la radicalité", "de la radicalisation" en cours, poursuivons le débat commencé ce matin. Le mouvement est passé d’une opposition à une loi régressive, certes essentielle, à une radicalisation des contenus des luttes pour beaucoup : contre la pauvreté et le chômage, l’absence de perspectives, pour la défense des libertés de base maintenant. La colère explose.
Oui la "levée en masse", 1.300.000 personnes c’est déjà cela, la durée, ouvrent une nouvelle période. Je partage aussi ce que plusieurs membres du CN ont demandé : nous ne pouvons nous quitter sans avoir adopté un appel solennel du CN à la poursuite et au succès des manifestations à venir, incluant à mon sens un appel à la solidarité matérielle aux grévistes.
Mais sur un un plan plus large, que disent nos camarades à l’issue du 37ème congrès ? Nous venons d’entendre : "déboussolés, ambiguïtés", je dirai pour une majorité inquiétude. Qu’avons nous décidé pour la prochaine séquence luttes-élections ? Quel est notre calendrier ? Comment allons nous faire connaître notre apport communiste ? Ne sommes nous pas en train de cumuler un retard irrécupérable en renvoyant en novembre le choix d’un candidat qu’il soit rassembleur avec le PCF ou de rassemblement ?
Revenons à la phrase essentielle dans le texte "Pour la France un projet politique...", page 7 : « Les communistes travaillent pleinement à un processus citoyen de désignation du candidat aux présidentielles et à y engager un-e candidat-e pour y mettre en débat nos idées et y porter notre conception du rassemblement », elle exprime bien l’hésitation mortelle dans laquelle nous pouvons nous enfoncer.
En novembre, Mélenchon en sera à son 8ème mois de campagne. Entre le peuple et lui la 5ème République prospère en ce qu’elle a de pire. Ce qui n’empêche pas beaucoup de syndicalistes, de grévistes, de lutteurs de se reconnaître dans son verbe radical ! Toutes les autres forces de gauche y vont de leur candidat, des verts lors de leur congrès le week-end dernier, aux socialistes, tous dans les starting-blocks, de Macron à Montebourg, plus ou moins derrière Hollande en passant par LO ou la LCR. Ensemble se tâte derrière Mélenchon que certains des dirigeants de notre parti ont rejoint sans autre forme de procès.
C’est cette situation que nous renvoient, militants, amis, grévistes, opposants dans la rue contre la loi El Kohmri, adversaires déterminés divers du capitalisme mondialisé, exploités retrouvant colère et détermination en nous demandant « Et vous ? Nous avons besoin d’un candidat communiste, du parti communiste pour la rupture ! »
La loi d’airain de la 5ème République pèse sur tous depuis 1965. Nous y avons réfléchi dans l’action à maintes reprises depuis cette date. Nous ne pouvons ni hésiter éternellement comme en 2007, ni en tenter un contournement hypocrite en laissant croire que les législatives pourraient être dans le cadre constitutionnel actuel beaucoup plus qu’un troisième tour destiné à donner une majorité au roi républicain choisi 3 semaines plutôt.
Ne nous enfonçons pas plus dans le piège, je porte en moi l’épreuve terrible de 2007 ou des mois de comités antilibéraux (parfois intéressants !) ne nous ont conduit qu’aux désastres d’une candidature communiste isolée.
Travaillons dès aujourd’hui à « engager dans les présidentielles un-e candidat-e pour y mettre en débat nos idées et y porter notre conception du rassemblement ».
Faisons surgir sans tarder de nos fédérations des noms et des profils de camarades pouvant porter notre projet de rassemblement avec les communistes. Communistes du XXIème siècle, jeune(s), engagé(s) totalement dans l’affrontement de classe. Nous sommes au début d’une nouvelle séquence politique pluri-décennale succédant à l’union de la gauche, séquence de luttes anti-capitaliste, de ruptures.
J’ai entendu dire : « Que Philippe Martinez soit le candidat de la classe ouvrière en lutte, soit notre candidat ! ». Ce n’est qu’une image, mais cette idée maturée dans les luttes peut nous bousculer utilement.
Merci à la présidence de m’avoir laissé quelque peu dépasser les quatre minutes qui m’étaient imparties.