Primaires ? Non, merci
L’opinion de José Fort
Sur une question qui préoccupe tous les communistes. Une opinion tranchée et argumentée. Paul Barbazange
Je le dis tranquillement et sans rejet de ceux qui dans ma propre famille politique pensent autrement. Je suis opposé à la participation des communistes à des "primaires", un piège mortifère pour les forces progressistes, le monde du travail et des études, pour les jeunes et ceux qui le sont moins. Mortifère aussi pour le PCF.
Il n’y a pas si longtemps, l’opinion d’un individu mettait du temps à grimper les échelons. Aujourd’hui, elle est connue des proches presque instantanément. Pourquoi s’en priver alors que si le monde change, tel n’est pas le cas des pratiques politiques, y compris chez les miens.
Rappel. Les donneurs de leçons « plus communiste que moi tu meurs », les chevaliers d’une orthodoxie d’un autre siècle me gonflent ; les « faut faire table rase et inventer quelque chose de nouveau », m’irritent. Les aigris, les « j’le savais », les « j’l’avais bien dit », me rasent ; les « le PCF est mort » alors qu’on annonce son agonie depuis plus de 30 ans, m’insupportent. Les « je vais vous dire ce qu’il faut faire », me font rigoler. Les partisans de groupuscules participant à la destruction de ce qu’ils rêvaient de réaliser m’attristent. L’heure est à autre chose : la construction d’une société de justice sociale, de liberté, de paix et la réappropriation du terrain des luttes et de l’action populaire.
Cette société, il faut le rappeler car on semble l’oublier, porte un nom : le socialisme. Elle s’appuie sur une ferme opposition au capitalisme et à l’impérialisme. Elle exige des femmes et des hommes débarrassés des cantiques d’antan, des mirages sociaux-démocrates-libéraux où d’autres illusions dites "refondatrices". Et comme un seul instrument reste à notre disposition pour changer profondément la société – le PCF, le reste relevant du folklore – nous sommes priés les uns et les autres d’aller verser nos aigreurs ailleurs.
Alors et seulement alors, un nouveau souffle redeviendra force : il prolongera les luttes d’avant, il se ressourcera aux valeurs de justice sociale, de tolérance, d’écoute, de démocratie. Cela passe par le rassemblement de tous ceux qui veulent le changement véritable ; cela passe par un parti communiste fort, ancré dans le monde des salariés, des moins favorisés, des exclus, des banlieues, des jeunes, ceux qui s’abstiennent de plus en plus au fil des consultations électorales. Ce sont eux qu’il faut écouter, c’est avec eux qu’il faut partager et construire et pas avec des professionnels de la com et autres chevaux de retour. L’inverse des fumeuses "primaires" et autres artifices visant à détourner le débat sur les choix de société. Visant aussi à prolonger avec des opposants de circonstance prêts, comme souvent, à trahir leurs engagements. Une attitude, un comportement que de nombreux Français rejettent en votant FN ou en s’abstenant.
José Fort