38ème congrès PCF
Respecter le vote des communistes

, par  Caroline Andréani , popularité : 95%

Suite à l’adoption du texte « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle », les manifestations d’aigreur se multiplient de toutes parts...

Depuis le choix de la base commune, des responsables de sections, de fédérations et des signataires des autres textes se répandent dans toutes les instances de notre parti pour expliquer que le texte choisi, « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle », est indigent, confus, voire raciste, sexiste, complaisant vis-à-vis des dictatures et j’en passe. Plusieurs solutions selon eux : réécrire le texte de bout en bout ; remplacer des chapitres entiers par ceux du texte du conseil national pour en modifier le sens ; ou émettre tellement d’amendements que la base commune soit vidée de sa substance.

Cela témoigne d’une conception du respect de l’expression démocratique assez surprenante.

Le choix de la base commune n’est pas un coup d’État. Le vote a été organisé de manière transparente par les instances du parti. Chaque communiste a eu à sa disposition les textes, et donc la capacité de choisir en toute connaissance de cause. Sur les 50.000 adhérents-cotisants de notre parti, 30.000 se sont exprimés, sans avoir le couteau sous la gorge, ni d’injonction à voter pour tel ou tel texte (sauf celle du secrétaire national à quelques jours du scrutin, mais c’est une autre histoire).

En contestant la base commune choisie par près de 13.000 adhérents, c’est donc le choix majoritaire librement exprimé par les communistes qui est remis en cause.

On croirait du Bertolt Brecht dans le texte : « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple ».

En décidant de mener une guerre de tranchées, ces camarades témoignent de leur absence de maturité politique. Il faut être irresponsable pour tenter de bloquer les débats entre communistes, au risque de nous diviser et de nous lancer dans une guerre fratricide. Le congrès pourrait se transformer en foire d’empoigne. La colère exprimée à travers le vote de la base commune, si elle ne trouve pas de débouché tangible, pourrait aussi se traduire par des départs massifs. Le parti communiste est-il capable de survivre à une énième hémorragie ? Je ne le crois pas.

Nos dirigeants sont-ils à la hauteur des enjeux ? Le choix de la base commune est un désaveu cinglant à la ligne qu’ils portent depuis plusieurs congrès. Ils doivent l’accepter, et faire en sorte de mener les débats à leur terme. C’est cela, respecter le choix des communistes. Autrement, nous devrons nous interroger sur la lucidité et la capacité de notre direction à mener les changements nécessaires pour que le parti communiste redevienne une force politique dans notre pays.

Aujourd’hui, nous n’en sommes plus à nous battre sur des textes de congrès qui n’intéressent qu’une frange de plus en plus restreinte de militants. Il est temps analyser la situation et de nous poser les questions qui doivent permettre d’aller vers un redressement de notre parti. Ces questions ne sont pas tellement nombreuses.

On pourrait les énumérer ainsi :

  • Où en est réellement le Parti communiste français ?
  • Peut-il redevenir une force politique crédible ?
  • Si oui, sur quelle ligne politique et comment ?

Autrement, nous nous limiterons à accompagner notre parti déliquescent jusqu’à sa disparition. Autant dire que cette perspective risque de ne pas créer l’enthousiasme chez une majorité des communistes.

Caroline Andréani
20 octobre 2018

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