Retour du congrès
Edith Chagnard-Peillard, déléguée au 36ème congrès, livre dans cet article son analyse.
Ce congrès n’était pas celui de l’unité mais bien celui de l’étouffement des oppositions et des débats au sein du parti communiste.
Cela se traduit notamment par des statuts ne permettant quasiment plus les communistes d’organiser des débats contradictoires et de porter des questionnements au sein de notre organisation. La démocratie en a pris un coup ! Et le ton du congrès était bien celui de « la direction vous met tous au plis et il n’en sera pas autrement ! » pour preuve la réponse de Pierre Laurent à Nicolas Bonnet sur le débat entre les 4/4 et les 3/3, lui indiquant qu’il ne pourrait plus sortir de matériel en tant que responsable de la commission des sports s’il s’opposait à la répartition en 3 tiers. Sans caricaturer, il lui a demandé de privilégier sa position de bureaucrate à celle de militant ! Tout était dit dans cette intervention !
Ces nouveaux statuts poursuivent la transformation de notre organisation politique. La question financière n’est pas anodine. C’est le déplacement de la souveraineté des communistes qui se joue. Non seulement la direction n’est plus capable de (ou ne souhaite plus !) structurer un projet politique, notamment en refusant de réintroduire le socialisme dans nos textes d’orientation et en développant des idées confuses tel que le communisme étant partout et en perpétuel mouvement, mais en plus les cellules ne seraient plus que des lieux de diffusion du matériel venant du national. Un matériel construit sur aucune base politique solide.
La direction n’a pas reculé sur la liquidation du parti communiste. Bien entendu l’appareil reste comme composante du Front de Gauche, mais l’organisation n’est plus du tout celle d’un parti révolutionnaire. L’organisation qui se construit est celle des collectifs au détriment des cellules, celle de la confusion dans les instances de souveraineté (quid de l’effacement du CN du parti au profit du CN du front de gauche ?), celle de l’agglomération de personnalités non organisées et de micro-structures ne représentant en rien un rassemblement de masse, bref la non-organisation !
La reconnaissance des collectifs comme base de l’organisation, à géométrie variable sur la structuration, et sur les sujets, sans coordination nationale, le fait de permettre l’entrée de « personnalités » sans objectif de les organiser autour d’un projet commun, le fait de ne plus construire un projet rassembleur autour de la classe ouvrière et de ne plus faire du socialisme l’étape de la construction du communisme témoignent de la volonté assumée de la direction de ne plus avoir l’ambition d’organiser les luttes avec pour objectif de sortir du capitalisme. Au mieux, nous sommes dans l’agitation sans perspective, au pire, nous n’agitons plus rien du tout !
Comme je ne pense pas que le communisme soit en perpétuel mouvement, ni que la lutte des classes soit obsolète, je pense que nous devons réaffirmer le rôle d’une organisation qui doit aider les communistes à comprendre les mécanismes du capitalisme et à s’organiser pour le combattre au mieux.
Tout comme je ne crois pas en une génération spontanée de lutte, je ne crois pas en une génération spontanée de communistes qui produiraient du communisme sans apport idéologique, sans formation, au gré des alliances et des collectifs de bataille sur divers sujets, de plus en plus sociétaux.
Nous sommes bien en deçà de ce que nous devrions produire en tant qu’organisation communiste.
Pour exemple, le levée des tabous par les socialistes sur les nationalisations ! Comment le parti communiste porte cette question. Est ce que notre seule ambition serait de laisser les communistes se débrouiller avec le sujet et que chacun y apporte le contenu qu’il souhaite ? Est ce que nous devons laisser la possibilité d’injecter de l’argent public dans des entreprises privée, la création tout azimut de SCOP… ou est ce que nous devons, sur la base de nos fondamentaux marxistes penser la socialisation des moyens de production. Je ne suis pas, personnellement capable de réfléchir seule à cela. Et j’ai rejoint le parti communiste pour m’aider à structurer ma pensée, ma stratégie, et pour m’organiser dans la lutte. Sous couvert de construire un parti qui serait plus ouvert et plus respectueux des individus, nous appauvrissons la réflexion et l’ambition de construire un collectif fort.
Face à la contradiction dans laquelle nous sommes, à savoir de communistes ayant trouvé dans le front de gauche une impression de contenu longtemps manquant dans ce parti, et une organisation qui se vide de plus en plus de son sens, nous devons, plus que jamais renforcer notre parti, en faisant la démonstration de l’importance d’une organisation forte et structurante.