Sidérurgie : Alain Bocquet joue à cache-cache avec la nationalisation
Dans son rapport d’enquête sur « la situation de la sidérurgie et de la métallurgie françaises et européennes dans la crise économique et financière et sur les conditions de leur sauvegarde et de leur développement », Alain Bocquet, rapporteur, joue à cache-cache avec la nationalisation.
De justes diagnostics sont posés : « Les États cherchent aujourd’hui à reconquérir la maîtrise des outils industriels stratégiques : c’est ainsi que le gouvernement wallon a exprimé son désir de rechercher un entrepreneur, y compris contre le consentement d’ArcelorMittal ; l’Algérie vient d’annoncer la nationalisation du complexe sidérurgique d’Annaba (El Hadjar), jusqu’alors majoritairement détenu par ArcelorMittal en association avec le groupe public algérien Sider qui ne contrôlait que 30 % du capital ».
Alain Bocquet estime qu’il est urgent de réfléchir aux axes par lesquels les pouvoirs publics pourraient impulser des actions nouvelles et s’interroge sur les mesures à prendre afin que le FSI puisse influer sur les stratégies mises en œuvre.
Les "axes par lesquels les pouvoirs publics pourraient impulser des actions nouvelles" ?
On les connait, cela s’appelle les nationalisations (la majorité du capital d’une entreprise qui passe à l’Etat).
Actuellement, le FSI n’agit pas seul mais avec des partenaires privés et détient toujours une minorité du capital des entreprises dans lesquelles il investit.
Alain Bocquet se dit en plein accord avec le ministre du redressement productif qui a déclaré qu’une « nationalisation, au moins temporaire, est d’autant moins à écarter lorsqu’il s’agit pour une nation de défendre ses intérêts stratégiques… et que cet outil ne serait pas contraire au droit européen ».
Alors qu’il faudrait donc réitérer publiquement avec force, vu les circonstances, la demande de nationalisation, au cours d’une audition d’Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, le camarade Bocquet le questionne en ces termes :
« Est-il possible, sans aller jusqu’à une nationalisation…
M. le ministre. Vous avez le droit de la proposer. (!)
M. le rapporteur. … Est-il possible d’obtenir un droit de regard sur le groupe Mittal ? Ce droit pourrait prendre la forme d’une participation au capital du groupe via la BPI. Du reste, Monsieur Mittal respecte-t-il l’accord de Florange ? »
Vous avez bien lu ! Alain Bocquet, député communiste, alors que le PCF s’est prononcé publiquement pour la nationalisation d’ArcelorMittal, questionne Montebourg en éludant d’office la nationalisation !
Une des propositions officielle de son rapport sera de « définir une doctrine spécifique d’investissement de la Banque publique d’investissement (BPI) en rapport aux besoins des filières et qui puisse se traduire par des prises de participations significatives au capital et rompre ainsi avec le mouvement de mainmise de groupes étrangers sur les entreprises sidérurgiques et métallurgiques, un phénomène qui s’est accéléré en France au cours de la dernière décennie ».
Prises de participations « significatives », mais pas de nationalisations franches en vue, encore moins d’ArcelorMittal, sujet pourtant brulant.
Le quotidien La Voix du Nord peut louer un rapport "pondéré", qui "évite de verser dans l’ornière du tout-Etat et de la centralisation jacobine".
Effectivement.