Stylos rouges
Christian Harquel est secrétaire d’une section héraultaise, ancien instituteur.
Stylos rouges
Les stylos rouges c’est quoi ? Des personnels et affiliés de l’éducation nationale en colère qui ont décidé de se structurer. La création de ce groupement s’inscrit dans le mouvement de ras le bol général qui a vu la survenue des gilets jaunes.
Oui, les enseignants sont en colère. Eux aussi ils ont vu leurs conditions de vie et de travail se dégrader sérieusement ces quarante dernières années. Ils sont diplômés mais mal payés et pas considérés. Ils exercent un métier exigeant dans une profession pourtant en voie de déclassement. Ils vivent douloureusement la vanité de leur investissement pédagogique impuissant à compenser les effets d’une société en crise profonde sur les motivations scolaires de leurs élèves.
Désemparés politiquement, découragés syndicalement, en difficulté dans leur travail comme beaucoup de leurs concitoyens, les enseignants ne savent plus où trouver la lumière. Le mouvement des gilets jaunes en a allumé une. En créant les stylos rouges, ils l’habillent à leur manière.
Leur mouvement, créé sur les réseaux sociaux le 16 décembre, compte déjà plus de 60.000 inscrits. Il est en voie d’organisation sur le terrain. Des groupes locaux se forment un peu partout sur l’hexagone. Leurs revendications visent leur rémunération, leurs statuts, leurs conditions de travail et celles de leurs élèves, leur considération. Les moyens d’action se cherchent.
A notre avis, occuper les établissements scolaires, même sans appel à la grève, à la manière des gilets jaunes, serait d’une redoutable efficacité par la contagion que cela pourrait susciter pour d’autres professions.
On n’y trouve pas chez les stylos rouges d’hostilité syndicale, simplement le constat de leur inefficacité actuelle. Ils ne sont en rien en concurrence avec les gilets jaunes. Les stylos rouges sont l’expression catégorielle d’un ras le bol général mais le lien n’est pas encore fait avec le mouvement général pour une vie digne qu’ils pourraient pourtant nourrir.
On ne peut qu’encourager d’autres professions à s’engager dans cette voie : blousse blanche, cols bleus ou blancs, robes noires… chacun occupant son terrain dans un mouvement général pour une vie digne.
Christian Harquel