Réunion du réseau FVR du Rhône
Une nouvelle orientation pour le PCF, un nouveau parti, un Front Populaire
Nous tentons de faire prendre conscience de l’impasse des choix politiques du PCF depuis de nombreuses années, et on ne peut donc pas se contenter d’un constat du caractère franchement réformiste de la direction du PCF, de son enfermement dans une course électoraliste éperdue pour trouver des alliances politiciennes qui ferait naitre le miracle attendu à la Podemos, jusqu’au pire, jusqu’à ses primaires où certains finissent par proposer aux communistes de se préparer à voter dès le premier tour aux présidentielles pour un candidat socialiste plus à gauche que Hollande...
Notre problème, c’est qu’il ne suffit pas d’avoir raison dans la compréhension du monde, mais il faut être capable de le transformer... Et il ne suffit pas de donner une bonne explication d’une réalité pour que la conscience se développe comme l’étincelle met le feu à la plaine. Les communistes de Vénissieux dénoncent depuis longtemps les guerres impérialistes, ça ne s’est pas traduit par un renforcement chez les jeunes qui seraient plus sensibles à ces injustices notamment contre les anciens pays colonisés...
Il me semble que tout le monde est bousculé... même nous. Par exemple, on peut citer Lénine présentant la république bourgeoise comme le meilleur cadre pour la dictature du capitalisme, cela ne nous aide pas à comprendre pourquoi ce capitalisme mondialisé détruit des états, et démonte chez nous de plus en plus vite des pans entiers de cette république, y compris institutionnels. Les départements n’étaient pas vus par les communistes comme une institution particulièrement révolutionnaire il y a 30 ans, et pourtant, parce-que nous voulons défendre la commune et la nation, les deux inventions de la république... nous sommes amenés à constater que ces départements portaient aussi l’unité de la république bourgeoise à la Française. Nous avons beaucoup de travail à faire pour articuler utilement, la compréhension de l’"état comme moyen de la dictature de la bourgeoisie, avec la république Française comme compromis historique de la bourgeoisie avec le peuple, dans le cadre du démontage de cette république par la dictature européenne.
Et dans ce contexte qui bouscule tout, la direction du PCF est complètement à la rue, incapable de porter le début d’une compréhension du monde pour le transformer, et qui plus est, totalement désengagé de l’effort d’organisation nécessaire du parti. Elle l’est bien sûr par ces choix réformistes et électoralistes successifs, mais aussi par la difficulté à faire face à cette accélération des bouleversements du capitalisme et de son impact social. Je ne cherche pas à les excuser mais à souligner qu’il ne suffirait pas de changer de direction pour résoudre le problème...
La question est bien d’apprécier notre capacité à être utile, à agir, et au final à montrer que nous pouvions faire mieux, sachant que nous sommes partout en difficulté sur l’organisation et le renforcement du parti... quelque soit les orientations politiques locales, et c’est vrai plus généralement des forces syndicales et sociales.
Nous avons me semble-t-il deux grands points d’appui :
– nous avons des victoires électorales clairement communistes, Gardanne, Vénissieux, Aubervilliers... et il y a une base militante liée aux villes communistes qui s’est dégagée de la domination du PS. Si à l’évidence, ce qui reste du "communisme municipal" ne peut suffire à reconstruire un parti communiste de combat, il ne faut pas négliger ce qu’il représente.
– et surtout le capitalisme produit ses propres fossoyeurs... les résistances existent, locales, souvent trop isolées, mais ce sont nos forces... les bases ouvrières militantes dans les grandes entreprises, et les batailles des Conti, Goodyear, Fralib sont le creuset d’où peut se reconstruire un parti communiste. Je pense que nous sommes nombreux en écoutant Mickaël Wamen ou Xavier %athieu à penser "quel grand dirigeant communiste ces militants seraient !" tant ils portent dans leurs mots, leur colère, leur détermination la possibilité de la résistance et de l’alternative...
Si ces luttes restent isolées, il faut bien mesurer que le succès de la pétition de soutien aux Goodyear montre le besoin populaire d’alternative. C’est vrai aussi des succès de Melenchon, Tsipras ou Iglesias, succès qui reposaient certes sur la médiatisation d’une alternative qui semble facile, mais qui révèle plus profondément un refus latent de la guerre capitaliste qui peut être très large. Autour des Goodyear, il peut y avoir un mouvement de même ampleur...
Mais nous avons besoin de faire le lien entre ces deux bases, entre l’urgence de la reconstruction de bases militantes dans les luttes ouvrières, et l’urgence de faire vivre une position politique en rupture avec l’orientation actuelle du PCF, mais qui a pourtant beaucoup à voir avec l’histoire du PCF. Bref, comme le dit Gilbert, il faudrait un comité de défense du PCF comme on le fait pour un service public qui va fermer, même si on pense qu’il avait des défauts...
Ce ne sont pas les socialistes critiques qu’il faut convaincre de communisme, mais ce sont ceux qui font face, qui résiste, ce sont des forces qui ont cru à la gauche de la gauche, mais sur une base d’actions concrètes dans les luttes de classe.
C’est pourquoi, je pense que nous aurions besoin d’une contribution qui soit plus concrète et plus générale qu’une seule orientation du PCF...
Il faut trouver comment parler aux communistes qui sont inquiets et veulent garder le PCF, mais tout autant aux militants, syndicalistes,aux jeunes dont les préoccupations sont d’abord comme résister et se défendre ? Il faut arriver à poser la question de l’organisation sans la réduire à une question de parti formelle, à une question interne.
De ce point de vue, notre proposition doit porter à la fois une orientation pour le PCF en rupture avec ce que sa direction porte aujourd’hui, mais aussi une proposition d’organisation pour le PCF que nous voulons demain, faisant vivre l’unité des communistes surmontant leur émiettement, et aussi une conception du rassemblement populaire, de l’unité du peuple, pour lequel je ne vois pas d’autre mot que "Front Populaire", tant il est chargé historiquement avec l’image forte de l’irruption du peuple manifestant pour créer une situation politique nouvelle. [1]