Vitry : comprendre ce qui s’est passé

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Lettre de communistes de Vitry à la direction nationale du PCF


Vitry-sur-Seine, Mercredi 8 juillet 2020

Objet : Pour la direction nationale du Parti Communiste Français,

Cher.e.s camarades,

L’élection de Pierre Bell-Lloch, Maire communiste, le 04 juillet 2020 a créé chez nombre d’entre nous la surprise et l’émotion. Nous comprenons et partageons vos sentiments, en tant que militant.e.s, responsables politiques, élu.e et avant tout camarades.

Notre volonté a toujours été de protéger notre Parti, dans lequel nous sommes investi.e.s depuis de nombreuses années et pour lequel nous avons une profonde affection. Le dépôt d’une candidature alternative à notre tête de liste n’avait pour motivation que le respect de la souveraineté des communistes et la volonté de conserver la ville. Jusqu’au dernier moment, nous espérions que les accords votés en assemblées générales soient respectés.

La confiance envers notre tête de liste avait déjà été durement éprouvée durant la campagne. Déjà, en janvier et février derniers, nous avons été dépossédés de nos instances démocratiques, lorsqu’après deux AG, dont l’une en présence de notre camarade Yann Lepollotec, nous votons une liste et qu’une autre est finalement déposée par notre camarade et tête de liste Jean Claude Kennedy. De plus, nous nous étions déjà opposés au vote sur la contractualisation, ainsi qu’à la signature du Contrat d’intérêt National (CIN), imposée par le maire sortant. Ce dernier engageait pourtant l’avenir et la profonde transformation de 20% de notre ville sur les trente prochaines années, sans avoir eu connaissance de l’intégralité du dossier.

À cela s’ajoute le danger de compromettre notre volonté de rassemblement des forces de gauche et citoyennes. Si nous laissions aboutir la manœuvre décidée par l’ancien maire, nos accords auraient été bafoués et notre crédibilité entachée. À notre arrivée au conseil municipal, nous avons appris que le refus de négocier de notre camarade Jean-Claude Kennedy était motivé par l’entrée d’une liste concurrente au dépend des communistes. Ainsi, les élu.e.s de la liste concurrente, menée par Monsieur F. Bourdon, remplacerait ceux prévus par nos accords.

De ce fait, le non-respect des accords passés entre notre tête de liste avec EELV amenait l’éclatement de notre groupe et de notre majorité. Dans ces conditions, nous avons pris nos responsabilités et agi en conséquence en proposant une autre candidature à même de tenir nos engagements envers les partenaires et les Vitriot.e.s

N’ayant qu’une parole et dans l’intérêt de notre Parti, nous nous mettons en retrait de nos responsabilités nationales. Par souci d’apaisement et pour que tous les éléments puissent être portés à la Commission Nationale de Médiation et de règlement des conflits, nous approuvons sa saisine. Nous souhaitons être reçu.e.s par cette commission afin que notre démarche soit expliquée et que nous puissions avancer ensemble vers le chemin de l’unité. Cette unité indispensable aux communistes de Vitry, aux habitant.e.s de notre ville et pour notre Parti.

Refusant de trahir nos électrices et électeurs nous assumons nos responsabilités. Cette révolution s’inscrit directement dans la volonté de se réapproprier la démocratie. Les mouvements sociaux, l’abstention, la défiance vis-à-vis des politiques et des institutions ont participé de cette décision. Ces évènements nous obligent à nous poser la question du rapport de notre Parti avec ses élu.e.s et du renouvellement dans nos instances. Alors que nous déplorons la perte de quatre villes dans notre département, et que l’abstention atteint des records historiques dans nos quartiers populaires, il est urgent d’agir. Nous prendrons le temps d’y répondre sereinement et collectivement dans les prochains mois qui s’annoncent.

Pour l’heure, nous appelons l’ensemble de nos camarades et en particulier nos dirigeant.e.s, à ne pas alimenter la polémique publique, et à respecter la dignité des personnes pour permettre la sérénité des débats.

En vous assurant de notre loyauté au Parti,
Bien fraternellement,

Pierre Bell-Lloch et Fabienne Lefebvre

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