Composition sociologique, aspirations militantes et réformisme de gauche...
Quelques commentaires aux préoccupations de certains d’entre nous : le manque de diversité sociale dans les instances du parti (à commencer par le congrès), notamment l’absence progressive et de plus en plus problématique d’ouvriers et plus généralement de travailleurs directement confrontés à l’exploitation capitaliste qui manquent à nos débats ?
Il y aurait une relation directe avec le réformisme de gauche développé dans
"Il est temps de rallumer les étoiles", cadre adopté récemment pour les
années à venir dans la politique du Parti.
Ce cadre semble correspondre à la composition sociologique et aux aspirations de la très forte majorité des délégués du 36ème congrès, donc à la direction élue et réélue. On ne connaît toujours pas les professions des délégués de ce congrès "fondateur" selon Pierre Laurent.
Cela a donc une influence certaine sur la nature et l’intensité des luttes à mener par le PCF pour changer la société.
Jusqu’où pourraient aller aujourd’hui des catégories sociales qui se situent à "gauche" comme les professions intellectuelles de salariés, qui sont peu ou pas directement confrontées à l’exploitation capitaliste et pas encore touchées par les restructurations radicales que connaissent employés et ouvriers ? Le congrès a répondu et il est en adéquation avec la partie la plus active de ces couches sociales qui n’ont cependant pas intérêt à un changement révolutionnaire, d’où les difficultés du PCF à se fondre dans les entreprises et les quartiers populaires, tout simplement parce que d’une part, il en est de plus en plus absent, mais aussi parce qu’il n’en traduit pas les aspirations pour des raisons évidentes.
C’est aussi à mon avis la raison pour laquelle nous resterons encore longtemps dépendants du PS qui, lui, organise majoritairement ces couches sociales, y compris parmi elles, celles qui sont le plus dominées et qui auraient pourtant intérêt à s’allier avec les plus exploités.
C’est aussi une des raisons pour lesquelles le PCF n’est plus aujourd’hui un parti de classe, même s’il compte encore dans ses rangs des militants qui s’en réclament ; le PCF n’est plus apte à rassembler autour de son action autonome : ouvriers, employés, et même paysans pour un changement de type
révolutionnaire, qui pourtant se profile en dehors de lui.
Il est un endroit où on peut encore et ce n’est pas facile non plus, parler de réappropriation ouvrière de l’outil de travail et nationalisations en terme de luttes, c’est à la CGT, et singulièrement au congrès de Toulouse avec les "Fralib" qui ont été contraints de fonder une Scoop. Un camarade écrit que leur intervention a été accueillie par une puissante ovation ; ces camarades demandent une intervention gouvernementale énergique pour obliger UNILEVER à céder sur le marché français desservi par cette marque marseillaise confisqué par la multinationale anglo-hollandaise.
C’est aussi entre parenthèses à Fralib que les travailleurs s’interrogent sur les fondements capitalistes de l’UE et son "irréformabilité".
Il se dessine à mon avis une sorte de répartition des rôles, une séparation apparemment étanche entre le syndicalisme et le politique ; il s’agit en réalité d’un "travaillisme" à la française, ce qui condamne l’un et l’autre stratégiquement à l’inaction révolutionnaire, à l’absence de stratégie de changement de type socialiste.
Au syndicat les luttes sociales "brutes de coffrage", au parti une offre de traduction politique dans le cadre d’un réformisme institutionnel assumé et élargi à un front électoral afin de suppléer provisoirement à un déclin historique lié à de multiples renoncements.
Bien entendu ce texte est issu d’une réflexion personnelle qui pourrait être partagée au moins en partie avec des camarades communistes : je ne suis pas
un intellectuel, juste un militant en révolte.
Joël Yan, Pyrénées-Atlantiques