Le PCF comme un membre amputé ou comme le géant Antée

En lisant l’interview de Renaud au JDD, une image – comme souvent – m’est venue à l’esprit. Le PCF est pour la société française comme un membre amputé dont on continue à ressentir la présence… Et aussitôt j’ai eu une autre image, celle de la manière par laquelle le PCF était tué, le géant Antée qu’Hercule avait empêché de mettre les pieds sur la terre…
Il y a toujours partout un communiste fort pur et dur pour dire cette amputation qu’il vit parfois au sein de son propre parti ou ce qu’il en reste. Il rame tant qu’il peut pour le faire revivre, pour tenter une sorte de bouche à bouche et parfois il y a un tressaillement, quand passe un défilé de protestataires, le colosse épuisé oublie les manœuvres politiciennes, les propositions de primaires, les alliances avec des groupuscules qui sont tout sauf sensibles à ce que vivent la classe ouvrière, les exploités, leur langage est abscons, il n’est entendu par personne…
Le PCF est comme le géant Antée qui reprenait vie chaque fois qu’il posait les pieds à terre, pour l’achever Hercule a dû le soulever et l’empêcher de reprendre pied dans sa base naturelle…
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Pendant ce temps-là, face à l’offensive du capital, il est inventé des prothèses pour remplacer le membre absent.
En matière de leurre à gauche tout a débuté avec Mitterrand se présentant comme au-dessus des partis. Mitterrand a pour cela approuvé le "coup d’État permanent" de la Constitution qu’il dénonçait jadis ; il s’est glissé dans les oripeaux du monarque et tous ces funambules dans la peau de courtisans… La politique est devenue un jeu morbide de clans… Ce faisant, Mitterrand n’a jamais caché qu’il se donnait comme objectif l’élimination du PCF. C’est le seul objectif d’ailleurs – parmi ceux visant à changer la vie – qu’il a réalisé avec la complicité d’un monde intellectuel et de la création fasciné par les ors du pouvoir :
Les bobos dans le sillage de Jack Lang ont accepté de renoncer à être « élitaire pour tous », à refléter les aspirations de leur peuple, ils ont même poussé le mépris de ce peuple jusqu’aux dernière extrémités, la négation de la négation ce qu’ils ont appelé le "populisme"...
De tout cela est né la médiocrité tant sur le plan culturel que politique… Il manquait ce peuple dont Robespierre disait qu’il était la boussole…
Hollande, Macron, Valls et il ne reste plus rien de l’illusion… Ils ne sont plus l’écho que de leur nombrilisme et de la lutte des places.
Mais une autre figure, favorisée par les manœuvres tactiques du dit Mitterrand autant que la politique adoptée par les uns et les autres, est devenue à son tour le simulacre du PCF… Comme l’a dit Hollande, le FN a caricaturé la politique du PCF du temps où il était fort..
Mais voici que le mouvement de colère contre le dernier exploit des scories mitterrandiennes, le démantèlement du code du travail met à jour l’escroquerie sociale du FN… Le grand écart entre la flatterie, l’appel à la haine raciste vers la classe ouvrière et la défense sur le fond des intérêts patronaux…
Et comme Renaud, tous ces gens-là se retournent dans le lit encombré des miettes de leur festin et se demandent s’ils vont directement voter pour Juppé ou pour Fillon, puisque c’est « compliqué » et qu’il n’y a rien d’autre que ce membre amputé qui vous fait mal quand on veut lever le poing.
Danielle Bleitrach